Loeuk… Tchong Kraoy La Dernière fois de Phiseth Srun
Résumé :
Au début du printemps 1975, à 12000 kilomètres du Sud-Est de la France, un jeune étudiant de vingt ans, originaire de Phnom Penh et issu d'un milieu militaire, quitte sa ville natale pour se rendre chez ses amis au Laos. Pour ce faire, il doit parcourir 800 kilomètres en autocar, partant de la région Nord-Ouest du Cambodge pour rejoindre Vientiane.
Un mois plus tard, les maquisards communistes "Khmers rouges" envahissent les villes du pays, et en très peu de temps, tous les citadins sont évacués de chez eux. Les intellectuels, les fonctionnaires, mais aussi les soldats du régime déchu comptent immédiatement parmi les premières proies de ces révolutionnaires "pro-Maoïstes", assoiffés de diverses formes de vengeances primitives, et qui se composent majoritairement d'adolescents.
Du jour au lendemain, face aux échos des nouvelles qui circulent dans le mauvais sens, notre jeune orphelin khmer se retrouve ainsi dénué de toutes ressources, mais surtout dépouillé de ses rêves de jeunesse.
Va-t-il s'en sortir en retournant à Phnom Penh pour tenter de revoir sa famille au sein des " loups ", ou continuer d'attendre à Vientiane tout en sachant que les communistes laotiens " Pathet Lao " s'approchent au grand galop de la capitale du Laos ? Que choisir entre descendre dans le lac où l'y attendent des crocodiles, et rester sur le bord où viennent à sa rencontre des léopards silencieux ?
Mon avis :
Il y a des livres qu'on découvre totalement par hasard et celui-ci en fait partie... Le samedi 9 janvier, je suis allée faire un tour à Cultura Mondevillage, histoire de faire un tour, de feuilleter quelques unes des nouveautés et éventuellement de craquer si un livre me faisait de l'oeil.
Et j'ai rencontré cet auteur, Phiseth Srun, qui m'a demandé si j'acceptais qu'il me présente son livre. Il m'a donc raconté le pourquoi ce ce livre, comment il l'avait écrit...
Je savais donc avant de le lire que c'était une autobiographie romancée, et non purement une autobiographie, tout simplement par ce qu'il ne souhaitait pas écrire un ouvrage de plus sur l'horreur des guerres ayant touché sa région d'origine. Il voulait parler de sa vie, du parcours qu'il a dû accomplir (j'emploie volontairement le terme parcours plutôt que voyage, car ce qu'il a vécu a été un véritable parcours "du combattant". Ainsi, il m'a expliqué que pour permettre une prise de distance, il a d'abord employé le "il" de narration pour créer ce recul, avant d'utiliser le "je" puis de revenir au "il" en fin d'ouvrage. Cet exercice de style ne m'a donc pas surprise quand j'ai commencé à le lire.
Ce récit nous parle d'une triste réalité : un jeune homme qui doit purement et "simplement" abondonner sa vie et sa famille à cause de la guerre, et qui part dans un exil qui le conduira à l'autre bout du monde, avec toujours un espoir et un seul : avoir la chance de redémarrer une nouvelle vie, une sorte de seconde chance.
Il restera d'abord dans une famille qu'il connaissait par son père, une famille qui lui donnera un toit, mais qui finira par lui conseiller de partir pour la France, quand eux partiront pour un exil aux USA... Ce sera pour lui une seconde rupture, une seconde séparation peu de temps après avoir dû déjà abandonner sa famille pour partir...
Le style de l'auteur pourra être un peu déconcertant pour certains, paraître un peu pompeux peut-être, mais il faut garder en tête que l'auteur est arrivé en France en 1975, ayant appris le Français à l'école. Ce n'est donc pas sa langue maternelle, ce qui fait que certains passages peuvent parâître très "soclaires". Je vous avoue que cela n'a pas le moins du monde perturbé ma lecture. De même, l'auteur nous livre au fur et à mesure des informations concernant sa région, le contexte de l'époque entre crochet au fil de sa narration. Cela peut dérouter au départ, mais il nous livre ainsi de nombreux éléments de compréhension.
Si je devais absolument émettre un regret ou une critique, ce serait le manque d'une carte : si le nom de Pohm Penh était connu de moi, j'avoue que le situer sur une carte m'était plus difficile. J'aurais aimé une carte sur laquelle j'aurais pu visualiser le périple de l'auteur, ses différentes haltes. Bien petite critique, puisque j'ai rapidement effectué une recherche ave mon ami Google, me permettant ainsi d'enregistrer une carte sur mon smartphone !
Ce livre s'est vu décerné par le jury littéraire du prix Maestro de Nantes en juillet 2015 le troisième prix du Roman.
Pour ma part, j'ai passé un agréable moment en compagnie de Zsumara, j'ai vibré au rythme de ses émotions, ressenti ses angoisses, la douleur des séparations, mais aussi l'immense courage donné par l'idée de cette seconde chance qui s'offrait à lui. Je ne regrette absolument pas cette rencontre avec l'auteur qui m'a permis de découvrir un livre que je n'aurais peut-être jamais lu autrement... Comme quoi, le hasard des rencontres...
Et pour finir, VPS signifie Voir Pour Savoir... Joli nom pour une maison d'éditions !